Plantes et témoignages
2023, projet collaboratif, Julie Bouchard, Marie Di Caro, Eugénie Gaultier Boucher et Julie Métivier, 90 x 130 cm
« Ce projet de groupe est un recensement, ou plutôt une cartographie, du 6e étage du pavillon Judith Jasmin de l’UQAM et de son écosystème vivant. Le plan fut tracé avec les reportages de la communauté de l’étage qui portent sur leurs rapports quotidiens avec leur environnement immédiat; les plantes du lieu. À contrejour, l’endos de la carte transparait et révèle une courtepointe des plantes entrelacées ensemble sur divers papiers artisanaux brodés à la main sur la carte vis-à-vis leurs locaux respectifs. Cette cartographie a été imprimée en plusieurs exemplaires de petit format qui furent fournis au public afin d’arpenter l’étage avec une perspective différente. Une installation éphémère immersive sur l’étage représente l’effet de verdissement et d’appartenance qu’apportent ces plantes à UQAM. »
« En découvrant la nature urbaine on perçoit la ville différemment; ces milieux qui sont presque invisibles deviennent évidents lorsqu’on y accorde notre attention. »
– Sophie Cabot, 2022
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« En découvrant la nature urbaine, on perçoit la ville différemment; ces milieux qui sont presque invisibles deviennent évidents lorsqu’on y accorde notre attention. »
C’est moi qui ai apporté des plantes en premier ici. Je trouvais ça tellement terne et brun.
Quand Jacynthe a commencé à travailler ici tout était brun… Brun UQAM. Nous avions ce fantasme, d’avoir des plantes le plus possible partout.
Jacynthe avait apporté, pour la session d’automne, toutes les plantes qu’elle avait sur son balcon. Toutes étaient en fleurs.
C’est ça qui a changé toute l’ambiance.
C’est elle qui a commencé ça!
Elle en rapportait tout le temps.
Il y avait des plantes partout.
Mais qui les arrose?
Plusieurs sont mortes.
Dans le lieu commun, tout le monde pense que quelqu’un d’autre les arrose, et tout le monde pense que personne ne les arrose… Alors, elles meurent soit noyées, ou trop sèches.
Des fois, dans mes vacances, je viens arroser les plantes parce que ça m’angoisse.
C’est fascinant à quel point c’est résistant des plantes.
Ça c’est très Jacynthe, ça des géraniums.
C’est probablement la plante la plus résistante pour la sècheresse.
Les géraniums elle les ramène l’été chez elle.
Moi j’ai vraiment un rêve. J’aimerais qu’il y ait un jardin communautaire sur le bord des fenêtres du sixième, pour que les étudiant.e.s s’en occupent, pour faire des plantations.
Moi je fais pousser de la salade chez nous, et des fines herbes.
Pour travailler le vivant, il pourrait y avoir une serre.
Je trouve que ça ajoute au sentiment d’appartenance.
Il y en a qui vérifie si les plantes sont arrosées.
Julie en a amené dans le café des arts.
Je pense que c’est ce que ça fait les plantes. Ça crée une petite communauté autour.
Comme les jardins.
Je trouve que ça en prend plus.
Iels sont allé.e.s prendre des plantes de la place publique, et iels les ont amenées ici.
Ça fait des jaloux, les appariteur.ice.s les ont montées au 5ème et au 7ème. Iels aimaient pas ça que ce soit juste au 6ème.
J’ai comme le projet d’avoir toutes sortes de pots suspendus devant la fenêtre.
En fin de compte, il y a vraiment beaucoup de gens qui s’interrogent sur l’été, qu’est-ce qui se passe. Je pense que vous pourriez chacun.e.s vous prendre une semaine, et ça ne serait pas si pire que ça finalement.
En tout cas il faudrait que je vois. Il y a toujours un problème de deux mois, puis deux mois c’est assez pour tuer une plante.
Deux mois c’est long quand t’es une plante qui manque d’eau.
L’été, devant une fenêtre où il fait très chaud.
Si on avait des succulentes, juste des succulentes, et des cactus.
C’est étonnant parce qu’on a un jardin et on ne l’arrose plus. Ça part à quatre heures du matin, pchiiii pchiiii pchiiii. Goutte à goutte tout pousse super bien, et on a moins de parasites, parce que l’arrosage il faut qu’il se fasse tôt le matin, quand le soleil se lève, l’eau sur les feuilles s’évapore avant que ça brule, c’est merveilleux.
Même pour le terreau c’est ça qui est le mieux. À mon job, il y a des gens qui venaient et ils disaient ça, j’arrose le soir, ce n’est pas une bonne idée parce que toute la nuit ça reste mouillé, et les parasites s’installent. Le matin, toute la journée ça sèche.
Il y a des plantes, elles ont besoin du soleil pour que leurs pores de feuilles s’ouvrent.
J’adore les plantes. J’étais content de voir l’évolution… La renaissance de la plante qui était proche des ascenseurs. À chaque jour on la voyait avec de nouveaux petits bébés. Ça nous rendait heureux.se.s.
Je les aime mais… Je m’en occupe mal.
Faque tu apprécies de les avoir dans l’espace, mais tu ne peux pas en avoir la charge.
Exact!
Moi mes plantes elles sèchent toutes, puis là mon chum il en achète des nouvelles, et là ça m’en fait plus à m’occuper, et là je vis de la culpabilité tout le temps. Le soir tard, je les regarde et je me dis « oh non… Je n’ai pas le temps de les arroser, pauvres plantes ». Et là je me sens comme une imposteure. On n’arrête pas de parler de plante, et chez moi elles font pitié.
Une chance que Jacynthe soit revenue cette session.
Je trouve qu’elles sont vraiment belles et qu’elles ajoutent beaucoup de vie. C’est juste que ce sont des plantes qui sont vraiment en hauteur, et que j’oublie très facilement, donc je n’ai pas tendance à y penser et à les arroser.
Mais mes plantes chez nous sont super belles.
Je pense que si je les avais amenées moi-même, peut-être que mon attachement envers ces plantes serait différent. Je n’étais pas arrivé, et il y avait déjà des plantes.
J’aimerais ça être plus attaché aux plantes de l’atelier.
Peut-être qu’il faudrait j’en amène moi-même…
Je les trouve belles.
Mathieu a recommencé à les arroser, et là Jacynthe les arrose, et l’année passée il y avait un auxiliaire qui les arrosait, et moi je fais juste dire au monde « aaah merci de vous occuper des plantes ».
Mathieu il s’occupe des plantes pour vrai… Moi je ne fais rien.
Mais moi c’est parce que j’aime beaucoup les plantes.
Moi ça allait vraiment bien mes plantes, jusqu’à ce que j’aie des enfants.
Tu vois, moi mes plantes de maison, depuis que j’ai un enfant je suis capable de les garder en vie plus longtemps. Avant j’avais juste moi à m’occuper, et je n’avais pas de routine.
Tu vois, moi quand je n’avais pas d’enfants, mes plantes étaient en feu. C’est peut-être parce que j’en ai eu trois d’affilée.
Moi j’en ai juste un, mais le seul enfant que j’ai m’a forcé à être plus structuré. À déjeuner le matin, etc.
Tes plantes ont embarqué dans ta routine de vie.
Oui!